Interrogatoire

Vancouver, lundi 28/12/2015, 13:26:60

La salle interactive d’interrogatoire, au trentième étage de l’immeuble de la police, domine la brume flottant sur le bras de Pacifique qui délimite la ville. À travers les trous des nuages apparaît par places la surface blanche de l’île de Vancouver. Le jeune inspecteur Seeret vient de faire asseoir, face à la caméra, une jeune femme brune assez petite, aux yeux noirs très vifs, plutôt agréable à regarder sans être toutefois remarquable:

- Nous sommes à Vancouver, le lundi 28 décembre, il est treize heures trente. Je dois vous avertir que l’enregistrement de votre témoignage est commencé. Tout ce que vous direz désormais pourra être pris en compte par la justice, donc, éventuellement, retenu contre vous. Je vous remercie d’avoir accepté de témoigner. Vous n’étiez pas obligée de le faire. Je vous rappelle que nous n’avons aucune charge précise contre vous. Vous pouvez exiger l’assistance d’un avocat. En avez-vous un ?
- Non, répond la jeune femme.
- En voulez-vous un ?

La jeune femme n’hésite pas :

- Je crois pas que ce soit utile.
- Comme vous voudrez. Vous vous appelez Patricia Tsalmuna ?
- Oui.
- Vous êtes née le 13 août 1993 à Beyrouth (Liban) de Zohra Haganah et de Ismaël Tsalmuna. Votre nationalité est libanaise ?
- Oui.
- Vous avez obtenu, le 21 mars 2011, une carte de séjour délivrée par le gouvernement du Québec, carte régulièrement renouvelée depuis. Vous résidez au Québec depuis votre entrée au Canada ?
- Oui.
- Vous avez eu, à Montréal, plusieurs métiers. Votre dernier employeur était monsieur Denys Peirse, résidant 251 avenue De Parson, Terrebone, Montréal. Cette adresse était également celle de votre lieu de résidence ?
- Oui.
- Je dois donc vous informer que, le 26 décembre 2015 à quinze heures, la police de Montréal a lancé un appel à témoin vous concernant. En avez-vous eu connaissance ?
- Non.
- Cet appel à témoin concerne diverses morts et disparitions suspectes liées au 251 avenue De Parson.
- Vous voulez parler du suicide d’Alexis Jonak ? La police de Montréal m’en a déjà parlé. Le jour de Noël en plus… Ce n’est pas que je sois catholique, mais ça m’a quand même surprise.
- Je parle de la mort de Denys Peirse.