Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

07 décembre 2006

Un terminal fantôme

Genève, mardi 29/12/2015, 24:45:30

Le premier groupe de fichiers est constitué de messages envoyés à Kharamidov par deux galeristes, un professeur d’esthétique, trois étudiants, un cinéaste… Certainement des inconnus pour Kharamidov. Ou presque. Ils n’avaient accès qu’à son adresse publique. Tous ces messages ont tenté de le joindre à l’adresse de son hôtel “khamid@bonaventure.montréal.ca”. Comme de nombreux usagers du réseau, Kharamidov faisait suivre son courrier en fonction de ses changements d’adresse. Le premier envoi de ce groupe est daté du 20 décembre 14 heures, le dernier du 21 décembre 15 heures : depuis le moment où la police de Montréal a autorisé l’hôtel à attribuer le terminal de la chambre 1534 à un autre occupant jusqu’à celui où la plupart des habitants du monde ont appris l’assassinat de Kharamidov. Pour Jean-Blaise, aucun doute, c’est le courrier ordinaire, celui que Kharamidov consultait mais ne souhaitait pas, a priori, conserver. L’examen du contenu des messages le conforte d’ailleurs dans cette hypothèse : confirmation d’exposition, de rendez-vous, demande d’entretien, remerciement pour la réponse à un questionnaire, annonce de la date de diffusion d’un film… Rien de très intéressant à première vue pour Interpol. Cependant on ne sait jamais, l’art du renseignement est celui du recoupement d’informations en apparence anodines. La routine recommande la prudence: Jean-Blaise Échenoz transfère ces fichiers sur leur ordinateur central.

Le second groupe est plus intéressant. Les messages qui le constituent portent une adresse privée: “khamid@khamid.bonaventure.montréal.ca”. Comme de nombreux intégrés baladeurs, sans aucun doute, Kharamidov, disposait d’un organizer ou d’un ordinateur portable sur lequel il faisait envoyer directement les messages qu’il désirait conserver. Pour cela, une liste doit exister quelque part sur le serveur de Francfort. À partir de l’identification des correspondants, elle détermine l’orientation des messages. Il suffit d’un petit système automatique ajoutant le préfixe “khamid.” à l’adresse communiquée par Kharamidov pour que ce type de messages transite par le serveur de l’hôtel avant d’aboutir à son terminal personnel. Rien de plus ordinaire. Ce qui intrigue Jean-Blaise, c’est que la police n’a trouvé aucune trace de ce terminal. Il est évident que l’assassin qui, par ailleurs, semblait n’avoir rien volé, l’a emporté. Ce que confirme d’ailleurs l’analyse des historiques. Mais pour quelle raison? La réponse à cette question serait certainement passionnante.