Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

20 janvier 2006

Une tresse virtuelle

Saint-Pierre-des-Tripiers, mardi 22/12/2015, 21:38:19

Les usagers du web furent d’abord inquiets lorsqu'un phénomène inattendu affecta simultanément la presque totalité des ordinateurs du monde.Ils pensèrent successivement à une panne de leur ordinateur, à un virus particulièrement résistant qui aurait triomphé de toutes les barrières. Ils comprirent enfin qu’ils avaient affaire à un programme parasite. Ils ne pouvaient qu’attendre que ses effets soient achevés, espérer que ceux-ci ne seraient destructeurs ni pour leur instrument de travail, ni pour les données mémorisées, ni pour les programmes actifs au moment de son intrusion. Peu à peu, devant la beauté plastique des images qui occupaient les écrans, l’inquiétude générale fit place à une certaine séduction. Quel qu’il soit, celui qui était à l’origine de telles visions ne pouvait être qu’un artiste. Tous les spectateurs eurent alors la certitude que ce qui se produisait sous leurs yeux ne pouvait pas avoir d’effets néfastes.

Enfin, le réseau de traits se transforma en fines baguettes serties de brillants évoquant quelque chose comme un décor de bijou “art déco” dont le réseau formant le coeur se constitua lentement d’un semis de fleurs sur fond de feuillage évoquant l’émail bleu. Peu à peu, ces fleurs d’abord simples taches colorées, semblèrent devenir autant de pierres précieuses : rubis, émeraudes… améthystes peut-être… De leur centre, surgirent trois lettres d’or identiques, entrelacées, mais parfaitement distinctes : K, K et K… Cette dernière image resta figée quelques secondes. Puis chaque couleur, une après l’autre, se fondit au noir jusqu’à ce que les projecteurs d’écran, pour une autre minute, ne diffusent plus qu’une obscurité totale.

Alors chaque écran redevint comme il était avant l’intervention parasite. Tout usager, comme si rien ne s’était passé, recouvra son travail antérieur au point exact où il l’avait laissé. La vie de l’ensemble du réseau avait été interrompue pendant trente sept minutes. Peu des spectateurs involontaires pensèrent que cela avait duré aussi longtemps. Certains même regrettèrent que ce fut achevé… Aussi furent-ils très heureux lorsqu’ils découvrirent que leur ordinateur contenait dans leur mémoire un stimulateur d’écran portant le nom de Kharamidov. Mis en service, il rediffusait en boucle, avec d’infinies variations, l’ensemble du spectacle.