Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

09 mars 2007

La Grande Unification (Cinq Révélations)

Vienne, mercredi 30/12/2015, 07:48:54

Taddeo da Parma marque une pause, ferme les yeux comme s’il méditait, puis, de sa voix monocorde, lente, reprend :

- Dieu lui avait révélé que les temps de la Grande Unification étaient enfin venus ! Conçus à l’origine comme une part active de l’esprit divin, punis pour leurs péchés d’orgueil, les hommes avaient été condamnés par Dieu à une période de séparation durant laquelle chacun d’entre eux ne vivrait que dans la solitude. Durant cette période d’expiation, les hommes ne pouvaient, à travers les simulacres de communauté que constituaient langues, clans, familles, cultures… que vivre la douleur de leur séparation fondamentale. Chacun d’entre eux, dans la chaleur, la vie, la communion des groupes auxquels il appartenait, éprouvait l’aspiration à l’unité de son âme ; chacun d’entre eux, éprouvant dans sa chair les rivalités, les antagonismes, les guerres qui séparaient les groupes, ne pouvait que vivre cette séparation comme une souffrance. Denys l’Aéropagite comprit que le but de l’humanité ne pouvait être que la Grande Unification. Ce fut la Première Révélation : pour retrouver le royaume de Dieu, l’homme ne devait être qu’Un. Il retrouverait alors l’Unité avec Dieu qui est Esprit. Ce fut la Deuxième Révélation… La troisième, que l’Unité humaine ne pouvait être que la fusion des esprits séparés de chacun des hommes en un esprit unique, image lumineuse de l’Esprit Divin.

Nouvelle pause de Taddeo da Parma ; nouvelle exclamation rituelle des adeptes. Le Grand Maître poursuit.

- Comme nombre d’entre vous le savent, la Quatrième Révélation fut celle de l’état. Dans la déchéance à laquelle Dieu l’a condamné, l’esprit séparé de l’homme est faible. Il ne possède plus qu’un très lointain souvenir de sa puissance d’autrefois lorsque il était une métastase de l’Esprit Un. Ce souvenir, reproche permanent de sa faute, n’a d’autre fin que de lui faire déplorer la pureté de sa puissance initiale. Sa faiblesse, sa fragilité lui interdisent toute espérance. Dans la séparation, l’état de l’homme — qui ne peut le mener qu’à la consomption, au malheur, à la haine de l’autre qui le renvoie à sa culpabilité — est l’impuissance. Pour renouer avec son origine, l’homme doit rompre avec son état. Pour cela, il lui faut se renier lui-même, oublier son être pour, dans un abandon total de ce qui le sépare, espérer communier avec son semblable. C’est la Cinquième Révélation : l’Unité ne peut s’hypostasier que dans la communion totale des esprits. Ceux d’entre vous qui sont avancés dans la voie mystique en sont à ce point qui cherchent à oublier leur corps pour se fondre dans la communauté des esprits. Bien des saints de religions diverses ne sont jamais allé plus loin. Car leur manquait la Sixième Révélation.