Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

09 octobre 2005

Un mort hôtel Hilton

Un couple sort de la 1540. Pour que son immobilité devant une porte de chambre ne paraisse pas étrange, Mme Trang feint de fouiller dans son chariot. Puis consulte à nouveau son badge électronique. Pas d'erreur, le départ des occupants de la chambre 1540 est bien signalé à 13 heures 22. Sa propre entrée dans la 1532 à 12 heures 58. Sa sortie à 13 heures 19. L'ordinateur central auquel son badge est relié en permanence par le réseau de communication infrarouge de l'hôtel n'est pas défaillant. Il lui a même accordé le point de bonus reconnu par les conventions collectives pour avoir fait le travail en deux minutes de moins que prévu. Aucun doute, l'occupant de la 1534 n'est pas sorti depuis quarante-huit heures. Logiquement, il doit être à l'intérieur.

Espérant enfin une réaction, elle frappe encore. Comme rien ne se passe, utilisant son code personnel, elle se décide à commander à l'ordinateur central l'ouverture de la 1534. Elle entre…

La chambre est parfaitement silencieuse.

L'antichambre, sur laquelle donnent les toilettes, la salle de bain et le dressing, sont vides, sombres. Mme Trang éclaire, ouvre la porte du dressing. De nombreuses tenues sont pendues aux cintres, un grand nombre de chemises blanches rangées sur les étagères, plusieurs paires de chaussures. Rien d’anormal. Mme Trang sort, ouvre la porte des toilettes, note de renouveler le rouleau de papier hygiénique, va visiter la salle de bains. Des traces douteuses sur la baignoire, plusieurs serviettes jonchant le sol signalent que quelqu'un s'est lavé il y a peu. En tous cas depuis son dernier passage. Comme il n'y a aucune trace d'humidité, elle se dit que ces ablutions datent au moins de la veille puis enregistre tout ce qu'elle doit renouveler : savonnettes, shampooing, papier à démaquillage… la routine.

Elle s'avance vers la chambre, ouvre la porte.

L'obscurité est complète, les doubles rideaux hermétiquement tirés, tous les écrans éteints… Silence total.

Elle éclaire.

Ce qu'elle redoutait se confirme : l'occupant de la 1534 est bien là. Allongé sur le lit. Immobile. Mort… Certainement mort : il ne semble pas respirer. Il est nu.

Entièrement.