Un espace de concepts
Genève, dimanche 27/12/2015, 20:01:56
Luc amène au premier plan le nom Sarpédon. Collé au mot “sarpedon” apparaît un texte en catalan. Luc, comme s’il le saisissait réellement de la main dans l’espace, tournant sur son siège, le transporte, dans l’écran géant auquel il tournait d’abord le dos le faisant ainsi passer par l’espace de traduction. En fonction des analyses de son contenu, le texte retenu s’installe parmi les données recueillies par les trois autres analystes. Sur l’écran d’analyse, l’ensemble des mots conservés constitue un paysage-de-données particulier à l’enquête en cours, destiné à mettre au premier plan des relations qui auraient pu échapper aux analystes. Luc ne s’y attarde pas. Il sait que ces analyses n’auront d’intérêt que lorsque les informations recueillies constitueront une masse suffisante — ce qu’entre eux ils appellent une “masse critique”— pour que, comme par miracle, des évidences s’en dégagent. Pour l’heure, même si de fines lignes commencent à apparaître entre des documents, rien n’est encore bien perceptible… En même temps, l’extraction d’un document particulier de son paysage-de-données provoque une reconfiguration de l’espace des termes. Le paysage de donnée apprend lentement ce que Luc recherche, se modifie. Le logiciel “sait” maintenant qu’il s’intéresse aux sectes, plus précisément à Sarpedon, à tout ce qui, de près ou de loin pourrait s’y rapporter. Automatiquement, il préfigure un espace de concepts.