Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

22 décembre 2006

Analyse de fichiers

Tolag, mardi 29/12/2015, 09:01:20

À côté de celle de Blaise, une autre fenêtre. Sa barre de menu porte le clone d’Irina, la date 29/12/15 et l’heure : 07:46:46… Dans la fenêtre un second texte s’affiche :

“Le jour se lève, ma nuit a été presque aussi blanche et froide que le paysage qui m’enferme. Autant de temps gagné sur le temps, même si, au fond, je n’en ai rien à faire… mais vous n’êtes pas là pour m’entendre geindre sur les malheurs d’une existence dont vous n’avez rien à connaître. Peut-être avez-vous déjà lu le compte-rendu que j’ai rédigé il y a près de deux heures. Si vous ne l’avez pas fait, il est, sous mon nom, dans vos dossiers “kharamidov”. Depuis, j’ai envoyé un cheval de Troie explorer le serveur Sarpedon. Je viens de recevoir les premiers résultats. Sur les mémoires de leur serveur existe un dossier “khamidkhan”. La coïncidence m’a semblé intéressante. Il ne contient que des logiciels. C’est donc un peu délicat de les transférer sans qu’ils s’aperçoivent de quelque chose. J’ai donc installé un petit voleur qui va profiter de tous les intervalles de transmission du serveur pour me les envoyer en petits morceaux. Ça prendra un peu de temps, mais je pense que dans quelques heures nous devrions les avoir chez nous. J’espère que Jeff ou Joseph sauront trouver à quoi ils servent. Pour le reste, après avoir laissé de côté les programmes qui ne me disent rien, j’ai surtout travaillé sur les fichiers que Joseph a découverts dans leurs images. J’y ai trouvé un certain nombre de choses intéressantes. D’abord, pour l’essentiel, il ne s’agit pas de fichiers, mais de fragments de fichiers: les informations de structure qu’ils contiennent, une fois décryptées, ne laissent aucun doute à ce sujet. C’est un peu comme s’ils découpaient les colonnes d’un tableau et les expédiaient chacune de leur côté. Chaque colonne, prise séparément, ne signifie pas grand-chose: seule la structure complète donne du sens. Ainsi, par exemple, une colonne de chiffres n’apprend rien. Il faut la rapprocher d’une autre colonne pour comprendre qu’il peut s’agir d’un numéro de compte bancaire, d’assurance ou de permis de conduire. Ceci fait, j’ai découvert que sur ce réseau transitaient des masses d’informations les plus variées sur des personnes habitant des points très divers de la planète. J’ai l’impression qu’ils ont mis au point un vaste système de recoupement de fichiers provenant du monde entier : nom, prénoms, âge, sexe, numéro de compte bancaire, numéro de carte Visa, codes de cartes, codes de smart card, appartenance religieuse, adresse actuelle, emprunts, adhésion à un parti politique, condamnations pénales, amendes diverses, études, incidents de paiement, maladies, inscriptions à des clubs, adresses successives, voyages, etc. Ces gens là sont en train de ficher une part impressionnante de la population intégrée ainsi que de recouper les informations qu’ils extraient de diverses sources. Mon idée est qu’ils se baladent un peu partout dans les réseaux, placent des fureteurs, des agents intelligents, ramassent systématiquement tout ce qu’ils trouvent. La technique des Mormons, automatisée et appliquée aux vivants. C’est bien sûr strictement interdit par toutes les conventions internationales. Aussi, pour passer inaperçus, ils font transiter tout ça crypté dans leurs images puis créent d’immenses recoupements de données. Tous ceux qui sont pris dans leurs filets sont nus devant eux. C’est à la fois génial et effrayant. Si ça m’amusait, je pourrais maintenant faire chanter pas mal de monde. En fait, ça me pose un problème sérieux ! Aussi j’ai décidé de ne pas vous faire parvenir ces données mais de les détruire. Je ne mets à votre disposition qu’un fragment pour que vous vous rendiez compte de ce que ça représente. C’est mon premier point. Je crois qu’il est assez intéressant !