Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

11 octobre 2005

Le professeur Elstir

Dickinson, dimanche 20/12/2015, 10:38:51

Au bas de l’écran, le sous-titrage indique : “Professeur Blaise Elstir, ethnosociologue, enseignant agréé par les universités de Boone (Caroline du Nord, USA), Athènes (Grèce, Europe) et Kyobé (Japon, Asean)”.

Le professeur Elstir, un homme jeune, d’environ vingt-cinq ans, type européen, blond, parlant un anglais international assez riche, vient de commencer son cours sur la naissance du mouvement artistique nommé “webart” :

“Le webart — plus souvent désigné par le sigle WBA — ou “art du réseau”, est un concept apparu à la fin du siècle dernier. Plus exactement dans les années 1990, à la suite de travaux d’artistes comme Fred Forest qui, en 1994, créa “Worldfield”, première installation multimédia universelle sur réseau. Il avait, bien sûr, quelques prédécesseurs, quelques tentatives généralement réservées à des réseaux locaux, et qui, pour cela, ne peuvent être considérées comme faisant partie intégrante du WBA. Elles préfiguraient les tendances essentielles : instantanéité, ubiquité, mobilité, générativité et asubjectivité. Comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, il n’y a jamais eu, dans l’histoire de la création humaine, d’exemple où l’apparition d’un nouveau média n’ait pas entraîné celle d’une conception nouvelle de l’art. Le webart, comme son nom l’indique, est une réponse à la proposition médiatique novatrice que constitue la notion de réseau. Le mouvement du webart a complètement modifié la nature profonde des concepts d’art, d’action artistique et de création. Au point que l’on peut raisonnablement se demander si, dans les deux cas, le mot “art” désigne bien la même réalité… Mais cette remarque anticipe sur ma conclusion. Il faut d’abord que nous explorions quelques unes des manifestations passées et actuelles du webart !

Mark active l’icône d’enregistrement en continu de son ordinateur. Ce cours, où il s’est introduit en étudiant libre, promet d’être intéressant : il décide de le conserver. Mark est très fier du nouvel ordinateur qu’il a reçu pour l’anniversaire de ses quinze ans. Sa mémoire de stockage est pratiquement illimitée, de plus, il est beaucoup plus puissant que le précédent. C’est très important. Ainsi il peut conserver tellement de données que leur impression représenterait des kilomètres de rayons de bibliothèque. De plus, il peut utiliser des fonctions de recherche sophistiquées pour trouver à peu près instantanément ce qu’il cherche. Ses parents ne peuvent plus lui reprocher d’acheter quantité de cours ou d’informations qui, perdues dans l’immensité virtuelle de la mémoire de son ordinateur, risquent de ne jamais lui servir. Ce n’est pas que ce soit très coûteux, mais quand même…