Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

22 février 2006

Hôtel Saint-Aignan

Paris, mardi 22/12/2015, 23:41:35

L’immeuble où Dani conduit Sidney est au cœur de l’ancien quartier, autrefois prestigieux, du Marais, maintenant territoire d’une multitude de squats désintégrés. La façade du bâtiment est d’une blancheur parfaite, sans tag pour atténuer l’ostentation de son luxe. Au-dessus d’un impressionnant porche d’entrée fermé par une double porte de bois sculpté, une inscription, à peine effacée: “Hôtel de Saint-Aignan”.

Sidney s’étonne:

- C’est classe ici!

Dani ne répond pas, échange un regard complice avec la fille qui l’accompagne. Au-dessus de leur tête, une caméra vidéo suit tous leurs mouvements. Sur le pilier droit de la porte, une plaque de verre sur laquelle est imprimée la silhouette d’une main. Dani y applique sa paume droite. La porte s’ouvre. Ils entrent dans une cour pavée, fermée par une magnifique façade en pierres de taille rythmée par l’ouverture de hautes fenêtres. En face d’eux, un petit perron hémi-circulaire de quatre marches. Ils montent. Une jeune femme souriante leur ouvre la porte fenêtre. Ils pénètrent dans une très grande pièce aux murs laqués de blanc, sol recouvert d’une épaisse moquette de laine écrue. À gauche de l’entrée, dans le fond de la pièce, un large escalier de marbre blanc aux doubles révolutions soulignées de balustres de fer forgé doré par places. Sur le mur de droite, face à l’escalier, un écran géant où, sans cesse, dans des tons pastels, se composent et se décomposent des images abstraites. Les fenêtres qui font face à l’entrée donnent sur un grand jardin, oasis cernée de hauts murs dont Sidney n’aurait jamais soupçonné la présence au cœur de la ville. Entre chaque fenêtre, sur des socles de marbre, des têtes de Bouddhas souriants. Sidney est émerveillé par l’éclairage agréable, la paix, la douceur, la chaleur qui émanent de tant de pureté. Jamais il n’aurait rêvé un lieu si naturellement luxueux.

Dani et sa compagne se dirigent vers l’escalier. Sidney les suit. La pièce où ils parviennent, moquettée de laine écrue, comme celle du rez-de-chaussée, occupe la surface totale de l’immeuble. Les mêmes statues de Bouddhas en position de lotus. Les fenêtres latérales ouvrent sur deux balcons qui se font face, l’un donnant sur la cour pavée, l’autre sur le jardin. Sur les murs, entre les fenêtres, des écrans vidéos. Les lents mouvements variables de leurs images abstraites aux formes souples, aux couleurs tendres, créent une impression de rêve paisible accentuée par l’extrême lenteur d’une musique à base de cloches et de cymbales.

Face à la montée d’escalier, assises sur le sol devant un petit homme chauve, une vingtaine de personnes vêtues de blanc. Derrière lui, sur le mur blanc, la grande mosaïque d’un écusson d’or au sablier d’azur. Autour d’eux, çà et là sur le sol, de nombreux plateaux portent des verres, des tasses et, dans des coupes, quantité de fruits variés: oranges, pamplemousses, bananes, pommes, noix, raisins secs, dattes, mangues, lychees…

Dès qu’il l’aperçoit, voix caressante, le petit homme fait à Dani un signe amical:

- Bienvenue, Télamon… Bienvenue… Paix sur terre aux hommes de bonne volonté!”
- La paix soit avec vous, Maître, je suis venu avec des amis!
- Tes amis sont les bienvenus! Avance… présente-les nous.