Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

21 octobre 2005

La mort est origine et aboutissement de la vie

La foule hurle, le chien noir s’est jeté sur son adversaire qu’il a réussi à surprendre. Lui arrache une oreille d’un coup de dent. D’un coup de rein, ce dernier se retourne. Il essaie en vain de crocher au passage la cuisse du noir. Déjà celui-ci s’est retourné. Dans sa mâchoire, il a saisi celle de son ennemi. Il le secoue, grogne, le renverse, tente de mordre sa poitrine. Son adversaire lui échappe, le mord à son tour à la patte avant droite. Le chien noir, malgré les blessures que lui occasionnent les pointes de fer du collier, le saisit à la nuque, s’y fixe. De tous ses muscles, il s’oppose aux soubresauts de son adversaire qui s’efforce de lui faire lâcher prise. Peu à peu ce dernier faiblit, s’épuise. Les crocs plantés dans sa nuque s’enfoncent inexorablement. Le chien blanc s’allonge sur le sable, cesse de résister, bave, ferme les yeux, gémit… s’efface.

L’excitation de la foule est à son paroxysme. Les bouteilles de bière circulent. Ceux qui viennent de remporter leurs paris laissent éclater leur joie. Les autres s’éloignent, shootent dans des boîtes de bière vides. Des discussions s’engagent. Sur la droite, près de l’ancien porche, deux hommes se disputent, commencent à se battre dans l’indifférence la plus totale, se séparent en s’insultant. Dès que la maîtresse du chien noir, belle jeune femme de type asiatique, part avec sa bête, les autres propriétaires descendent dans l’arène récupérer les corps de leurs bêtes. Un individu crasseux jette deux seaux de sable, passe un vague coup de râteau. Une femme — grande, blonde, visage très blanc presque irréel, enveloppée dans des voiles multicolores vaguement fluorescents — se place au centre de l’arène. Ouvrant les bras, paumes tendues vers l’avant, elle impose silence à la foule :

- Mes frères, le combat du Dieu double est un combat sans fin, Nuit, Jour, Ordre et Désordre s’opposent éternellement sans qu’aucun ne triomphe. Leurs victoires ne peuvent être que fragiles et temporaires. Seul le combat est éternel. Ouranos, notre dieu, renaît sans cesse du chaos primitif, de l’affrontement nécessaire et régénérateur des forces brutes. C’est dans l’affrontement perpétuel des pulsions négatives qu’il puise l’énergie nécessaire au fonctionnement de l’Univers. L’âme participe au Tout, au travers des principes de tout. Ne redoutez pas le mal, source du bien, comme le malheur est celle du bonheur, la mort celle de la vie. Ouranos naît des orgies d’Ur-Ana, l’ordre se constitue dans les soubresauts du désordre. Gloire à Kaos et Ouranos !… La Mort est origine et aboutissement de la vie.