Expédition punitive

Paris, dimanche 20/12/2015, 17:22:60

Vers dix-sept heures, Sidney Delbanco regagne sa tanière. “L’Andalouse” tapine sous le porche… Il n’a pas perdu son après-midi… Pour son boulot, il a touché une carte de crédit, certainement volée, mais ça, il s’en fout. Quelques livres anciens, une douzaine de chemises, des chaussettes, deux pulls, deux bouteilles de whisky, un petit tableau, une ou deux montres, le tout dans un sac de voyage en cuir… Une vraie razzia… Il n’est pas fatigué, le travail a été des plus faciles. Le rêve… Si ça pouvait être ça tous les jours !…

En début d’après-midi, Dani les a embarqués, lui et les deux autres gus dont il ne connaissait pas le nom. Ils sont sortis de Paris par l’A6, ont roulé à fond la caisse un bon moment sans rien dire. Pas en silence, crâne martelé par les braillements de la radio à pleine gomme. Ils ont pris la sortie Fontainebleau, ont roulé quelques minutes. À l’entrée de Fontainebleau, Dani a sorti un plan, l’a consulté, puis est reparti. Ils sont rentrés dans la forêt à la lisière de la ville. Dani a encore arrêté la voiture, éteint la radio :

- Bon… les gars, voilà ce qu’il faut faire. Le mec qui nous paie n’est pas d’accord avec un connard qui habite près d’ici. Il veut que nous le lui fassions savoir… Ce connard habite une grande baraque style friquée, costards, bagnoles de luxe… Tout ce qu’il y a de bien. Il devrait être seul et ça c’est très sympa… Deux petits problèmes : un, sa baraque n’est pas vraiment isolée. Il a des voisins. Faudra faire attention à pas faire trop de bruit !… Deuzio, il a un clébard, genre dogue à vous bouffer les couilles d’un coup de gueule… Faudra faire avec !
- Les voisins, c’est pas vraiment un problème, dit Sidney, mais le clébard !
- L’clébard, c’est mon boulot, le coupe un des deux inconnus, j’ai c’qu’i faut !
- Notre boulot à nous, reprend Dani, c’est de foutre la trouille au connard… Gaffe. Pas le tuer. Lui flanquer la pétoche de sa vie. On peut l’amocher un peu, genre œil au beurre noir ou gnon sur le pif, mais pas trop. Essayer de rien lui casser… C’est un premier avertissement. Faudrait pas qu’y en ait d’autres !

Dani consulte encore le plan :

- C’est tout près… Serge, le clébard est à toi !
- Si j’sais où est c’cabot, pas de problème, dit le nommé Serge.
- D’après le boss, il est tout le temps dans le jardin !
- OK, J’ai une boulette de bidoche arrosée d’un produit dont tous les chiens sont fous. Je balance ça par-dessus le mur. Garanti, deux minutes et le méchant fait dodo caniche pour plusieurs heures… Ç’a jamais raté !
- Sympa ton truc, faudra que tu me donnes la recette… plaisante Sidney.
- J’donne jamais rien, faut mettre ça fissa dans ta ptit’tête !
- Arrêtez vos conneries, dit Dani. C’est pas le moment !
- OK !