Pistes et fausses pistes

Montréal, samedi 26/12/2015, 12:45:17

Bien que ses gestes traduisent son impatience, Baker paraît attentif:

- Et vous avez trouvé la carte Visa de Kharamidov ?
- Non… je vous ai dit que non.
- Alors comment avez-vous retrouvé son porteur?
- Attendez, dit Legrand, j’ai pas fini… La recherche, dans le fichier des empreintes digitales, nous a permis d’obtenir la fiche du mort, il s’agit d’un nommé Andrés Carasco, né le 3 mars 1993 à Barcelone… Jusque là, rien de bien sensationnel.
- Et qui ne me concerne pas beaucoup, fait remarquer Baker, du moins en apparence!
- Nous y venons… Bien entendu, nous transmettons cette fiche à la police de la région de Barcelone. Là, ça devient plus intéressant!… Ce Carasco avait un fichier judiciaire. De quinze à dix-huit ans — ce qui explique que sa fiche n’ait pas été transmise au fichier d’Interpol — il a été plusieurs fois condamné pour prostitution et extorsions de fonds. Ce jeune homme, dans le Bario Gotico, draguait des hommes “respectables” puis, avec un réseau de complices, les faisait chanter… Dès qu’il a dix-huit ans, on n’entend plus parler de lui. Apparemment il disparaît.
- Je ne vois toujours pas…” avance Baker.
- Patience! À ce moment là, un de mes inspecteurs, Keneen… un jeune, futé, plein d’avenir — vous vous souvenez peut-être, il était avec moi le jour où nous pistions votre carte Visa — me dit que la photo de ce Carasco lui rappelle quelque chose. Il consulte les portraits robots des sept derniers jours: incontestablement la victime ressemble au jeune homme qui faisait des achats avec la carte bleue de Kharamidov! Mais comm nous avions relevé ses empreintes sur une vitrine du diamantaire qu’il avait visité en dernier, nous comparons. Aucun doute, ce n’est pas le même homme!
- Merde !… s’exclame Baker avec un ton de regret dans la voix, en ce qui me concerne, c’est une catastrophe, je perds une autre piste. On dirait que quelqu’un s’acharne à supprimer, au fur et à mesure de l’avancée de mon enquête, toute trace qui pourrait m’être utile.
- C’est hélas souvent comme ça, dit Legrand arborant un large sourire comme s’il se réjouissait à l’avance de la surprise qu’il allait causer, mais il y a aussi, parfois des rencontres heureuses.
- À qui le dites-vous! dit Baker pensant à Karine.
- Je pense que vous allez être intéressé.