Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

02 mai 2006

La vie de Joseph

Tolag, vendredi 25/12/2015, 13:43:52

Bien qu’aimé de la plupart des villageois de Tolag, Joseph n’a pas d’ami. Il est pour eux un protecteur bienveillant, au mieux un père. Pas un ami. Il ne pourrait en aucun cas leur confier ses problèmes, ses chagrins, ses douleurs, ses angoisses… Non qu’il ne trouverait pas d’oreilles prêtes à l’écouter, de corps compatissant prêt à le soulager — les propositions en ce sens n’ont pas manqué — mais parce qu’il ne le veut pas. Joseph se veut coupé du monde, mort-vivant, être sans âme, sans corps et sans conscience… Il a ainsi réussi à imposer cette image lointaine, un peu hiératique d’étranger bienfaisant mais incompréhensible, généreux mais lointain qui lui est comme une carapace derrière laquelle il s’efforce d’enfouir son passé. Aussi, ses seuls amis, les seules personnes qu’il accepte de nommer ainsi, ne le connaissent pas, ne se connaissent certainement pas entre elles. Il constitue avec elles un réseau immatériel et distant d’affinités intellectuelles dans lequel les sentiments personnels n’entrent pas véritablement en cause. Une amitié d’esprit non de cœur, d’échanges non de communion… S’absorber totalement dans des problèmes intellectuels ardus lui est une autre façon de s’interdire de penser à lui-même, de refuser le risque de l’apitoiement… Sa seule autre occupation très occasionnelle est donc d’aider les quatre ou cinq personnes du web qu’il considère comme des amis à résoudre les problèmes qu’ils lui envoient de loin en loin. Blaise et Jeff sont de ceux-là.

Joseph vient de travailler sur les images qu’ils lui ont fait parvenir. Comme il n’a pas encore sommeil, il rédige le “rapport” qu’il va faire parvenir crypté — selon leurs conventions — à l’espace commun de travail :

“from joseph@joseph.banawe.ph to carver@kharamidov.carver.uk
12/23/2015 13:19

Je suis émerveillé par ce que vous m’avez fait parvenir. Ce Kharamidov est un vrai génie de l’expression. Je crois avoir compris ce que, dans ses interviews, il appelle les “rets” : il s’agit d’un entrelacs subtil et dynamique de textes et d’images dont je n’ai peut-être pas encore percé toutes les possibilités…

Résumons: comme Blaise s’en est aperçu, Kharamidov utilise bien les valeurs de codage des couleurs de ses interventions plastiques pour coder des textes dans ses images. J’ai, selon ce procédé, dégagé toute une quantité de textes que je joins à ce dossier. La plupart paraissent du même type que ceux mis en évidence par Blaise. Simplement, il y a une infinité de variations dans les codages dont Blaise ne s’est pas aperçu… Le défaut du procédé que Blaise a révélé est le suivant: la variation entre les lettres de l’alphabet est faible. Dans un alphabet latin ne comportant que vingt-six lettres, il ne peut y avoir, en valeur, qu’une variation de vingt-six entre “a” et “x”, ce qui, transcrit sur une échelle de couleurs comportant plusieurs millions de nuances correspond à une quasi-uniformité, les différences n’étant pas perçues à l’œil. Si, comme l’a montré Blaise, un texte est codé sur les valeurs de rouge, la séquence de ce texte est perçue comme une plage colorée unique pour le spectateur de l’image.

Joseph et ses amis

Tolag, vendredi 25/12/2015, 13:43:52

Bien qu’aimé de la plupart des villageois de Tolag, Joseph n’a pas d’ami. Il est pour eux un protecteur bienveillant, au mieux un père. Pas un ami. Il ne pourrait en aucun cas leur confier ses problèmes, ses chagrins, ses douleurs, ses angoisses… Non qu’il ne trouverait pas d’oreilles prêtes à l’écouter, de corps compatissant prêt à le soulager — les propositions en ce sens n’ont pas manqué — mais parce qu’il ne le veut pas. Joseph se veut coupé du monde, mort-vivant, être sans âme, sans corps et sans conscience… Il a ainsi réussi à imposer cette image lointaine, un peu hiératique d’étranger bienfaisant mais incompréhensible, généreux mais lointain qui lui est comme une carapace derrière laquelle il s’efforce d’enfouir son passé. Aussi, ses seuls amis, les seules personnes qu’il accepte de nommer ainsi, ne le connaissent pas, ne se connaissent certainement pas entre elles. Il constitue avec elles un réseau immatériel et distant d’affinités intellectuelles dans lequel les sentiments personnels n’entrent pas véritablement en cause. Une amitié d’esprit non de cœur, d’échanges non de communion… S’absorber totalement dans des problèmes intellectuels ardus lui est une autre façon de s’interdire de penser à lui-même, de refuser le risque de l’apitoiement… Sa seule autre occupation très occasionnelle est donc d’aider les quatre ou cinq personnes du web qu’il considère comme des amis à résoudre les problèmes qu’ils lui envoient de loin en loin. Blaise et Jeff sont de ceux-là.

Joseph vient de travailler sur les images qu’ils lui ont fait parvenir. Comme il n’a pas encore sommeil, il rédige le “rapport” qu’il va faire parvenir crypté — selon leurs conventions — à l’espace commun de travail:

“from joseph@joseph.banawe.ph to carver@kharamidov.carver.uk
12/23/2015 13:19

Je suis émerveillé par ce que vous m’avez fait parvenir. Ce Kharamidov est un vrai génie de l’expression. Je crois avoir compris ce que, dans ses interviews, il appelle les “rets” : il s’agit d’un entrelacs subtil et dynamique de textes et d’images dont je n’ai peut-être pas encore percé toutes les possibilités…

Résumons : comme Blaise s’en est aperçu, Kharamidov utilise bien les valeurs de codage des couleurs de ses interventions plastiques pour coder des textes dans ses images. J’ai, selon ce procédé, dégagé toute une quantité de textes que je joins à ce dossier. La plupart paraissent du même type que ceux mis en évidence par Blaise. Simplement, il y a une infinité de variations dans les codages dont Blaise ne s’est pas aperçu… Le défaut du procédé que Blaise a révélé est le suivant : la variation entre les lettres de l’alphabet est faible. Dans un alphabet latin ne comportant que vingt-six lettres, il ne peut y avoir, en valeur, qu’une variation de vingt-six entre “a” et “x”, ce qui, transcrit sur une échelle de couleurs comportant plusieurs millions de nuances correspond à une quasi-uniformité, les différences n’étant pas perçues à l’œil. Si, comme l’a montré Blaise, un texte est codé sur les valeurs de rouge, la séquence de ce texte est perçue comme une plage colorée unique pour le spectateur de l’image.