Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

21 février 2007

Vers la page blanche

Londres, mercredi 30/12/95, 06:34:59

Depuis qu’il s’est levé, Blaise a repris le dossier de l’affaire Kharamidov. Il a regardé les dernières informations, notamment celles sur le massacre de Turin. Blaise éprouve une bizarre impression de gueule de bois, comme s’il s’éveillait d’un long cauchemar ou avait passé une longue soirée à tenir d’ineptes conversations sans ordre… Entre rêve éveillé et réalité brumeuse, Blaise flotte dans un marigot de pensées boueuses où — jusque là — il ne s’était jamais aventuré, quelque chose comme des zones blanches de l’imaginaire dont il ne soupçonnait même pas l’existence.

Il a trouvé le rapport de Jeff. Une lettre l’introduisait.

“From Jeff@smither.oxford.uk to carver@carver.carver.uk
30/12/2015 06:06:33

Cher Blaise,

Qui et où que tu sois, quels que soient tes buts, j’ai tenu mes engagements. Tu trouveras ci-joint mon rapport complet sur l’affaire Kharamidov, ou plutôt sur l’affaire Sarpedon. En ce qui me concerne, je n’en conserve volontairement plus aucune trace. Je ne veux plus en entendre parler !

Ce que j’ai finalement découvert dans les logiciels qu’ils ont accumulé est effrayant. Ces types sont en mesure de préparer un tel bordel sur terre que l’apocalypse serait à côté une immense plaisanterie. Seuls nous ne pouvons rien… Je ne sais pas quels buts tu visais en nous mettant sur cette piste, je ne tiens pas à le savoir… Au fond, aucun d’entre nous ne sait qui sont les autres. Il y a là quelque chose que je commence à trouver malsain. Peut-être vaut-il mieux que, pour quelques temps, nous mettions fin à notre association. J’espère que ce n’est que de la fatigue. L’avenir, s’il y en a un, nous le dira.

Ne cherche pas à me joindre, pendant quelques temps je vais disparaître : il faut que je fasse le point, laisse passer du temps. Plus tard, si je le trouve utile, je te contacterai. Quoi qu’il en soit, qui que tu sois, j’ai éprouvé du plaisir à travailler avec toi. Adieu.

La neige qui ici tombe en abondance m’offre une page blanche.”