Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

30 janvier 2007

L'âge idéal

New Orleans, mardi 29/12/2015, 22:00:00

Rodney Stag marque un temps de silence comme s’il réfléchissait.

- Pourquoi Potseikin vous a-t-il dit de m’appeler ?
- Il m’a dit que vous étiez le seul à pouvoir m’aider, répond Brooks. Je suis inquiet, j’ai l’impression que Bart, mon fils, est en train d’être hypnotisé par une secte… Il a quinze ans.
- Le bon âge, dit Stag. Ils sont influençables, crédules, se posent des questions sur le sens de la vie, des proies idéales. Comment ça se passe ?
- C’est pas très précis, mais je crois qu’ils agissent sur lui par l’intermédiaire du réseau.
- Classique. Un de leurs instruments. Pour eux, tout est utile. Ça peut passer par le réseau, par la drogue, par un club de jeune, par des voyages organisés, par des clubs d’échange… Si vous saviez ! Il y a maintenant quatre ans que je m’occupe d’eux. Je suis affolé de leur influence, de leur pouvoir. Ils agissent avec une habileté remarquable, toujours au bord de la légalité. Ils ne franchissent que rarement la frontière et, quand ils le font, ils utilisent des paumés qu’ils manipulent. Avec les désintégrés, ils ne manquent pas de personnel… Ils auraient tort de s’en priver.
- Pouvez-vous m’aider ?
- Brooks… Vous vous appelez Brooks, n’est-ce pas… J’aimerais pouvoir vous dire oui et tirer votre fils de là. Pour moi, ça fait quatre ans que j’essaie de récupérer mes filles. En vain. Ce qui manque, ce sont des preuves. J’accumule patiemment tous les témoignages ; pour les empêcher de dormir en paix, j’ai fondé mon webzine Internav : ce sont eux qui me font des procès en diffamation… et qui les gagnent. La bataille, la guerre plutôt — c’est une guerre — sera longue, nous devrons être tous solidaires. Mais ce sera difficile. Pour votre fils, je n’ai pas de recette miracle. Privez-le de réseau !
- Vous savez bien que c’est impossible.
- D’où leur force. Trouvez un moyen pour le désintoxiquer, un prétexte, emmenez-le un mois faire des randonnées en montagne, à la pêche à la truite, discutez avec lui, essayez de le convaincre tant qu’il n’est pas trop tard. Notre association a un club de jeunes qui les envoie pendant un mois faire des camps en pleine nature, loin des réseaux et des lieux habituels de rencontre… Vous devriez l’y envoyer.
- Il n’y a pas d’autre moyen ?
- Dans l’immédiat, non, pas vraiment. J’ai recensé des dizaines de cas comme le vôtre, mais je n’ai jamais rien pu prouver de suffisamment précis pour atteindre le centre de la tumeur… Je n’ai qu’un petit espoir, un tout petit… Avez-vous entendu parler de Kharamidov ?”
- Le webartiste ? Comme tout le monde.
- Je crois qu’ils ont commis là leur première erreur. Sans prendre beaucoup de risques, je peux vous dire qu’Interpol soupçonne un lien entre son assassinat et quelques unes de ces sectes. Pour l’instant je ne peux pas en dire plus mais, en tout cas, c’est une bonne piste, sérieuse… La police est très discrète là-dessus, mais je crois qu’elle tient un bon fil. Pour tout dévider, il faut le tirer doucement, en prenant garde de le casser. C’est en cours. C’est peut-être un espoir.
- Vous le croyez vraiment ?
- Je l’espère sincèrement. Désolé, mais je ne peux pas plus. Vous avez quand même bien fait de vous adresser à moi. Il faut qu’on reste en contact. Voici l’adresse de notre association. On peut vous aider, mais ce sera avec discrétion. Appelez ce numéro et demandez Bill de la part de John. C’est un informaticien génial, il viendra voir chez vous ce qu’il peut faire. Il trouvera un prétexte… En tout cas, personne ne doit savoir que vous m’avez rencontré, ce serait trop dangereux pour vous, votre famille… Vous avez d’autres enfants ?
- Oui, deux, répond Brooks.
- Raison de plus. On ne se connaît pas, on s’est jamais vu… Donnez-moi un nom de guerre… N’importe lequel.
- Je sais pas… J’ai pas d’idée.
- Est-ce que Tibor vous convient ?
- Pourquoi pas ?.
- Méfiez-vous du réseau, si vous nous contactez, dites que vous êtes Tibor. Nous allons voir de près comment nous pouvons nous pourrions nous entraider… D’accord ?
- OK !
- Bon, je vous ramène.