Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

26 octobre 2006

Siger de Brabant

San Pedro da Roda, dimanche 27/12/2015, 31:43:15

En arrière-plan des visages, une figure géométrique apparaît. Elle représente quelque chose comme un bijou, une broche d’apparence ancienne dont les baguettes qui servent de cadre, serties de quelque chose comme des diamants, évoquent un décor “art déco”. Le cœur constitué d’un semis de fleurs sur fond de feuillage imite l’émail bleu. Les fleurs elles-mêmes pourraient être autant de pierres précieuses : rubis, émeraudes, améthystes peut-être… L’ensemble, complexe, est d’une grande élégance.

Siger de Brabant se lève, se dirige vers un bureau sur lequel il prend un coffret qu’il ouvre. Dans ce coffret un bijou identique à celui qui sur l’écran sert de fond aux cinq visages. Le Maître le prend dans sa main droite, le présente au projecteur à matrice active de son bureau. Le bijou semble aussitôt s’inscrire dans un coin puis se déplacer lentement pour venir se superposer à la figure projetée tandis que, au-dessous de son visage s’inscrit son nom : Siger de Brabant.

Presque en même temps, trois autres bijoux apparaissent, accomplissent le même rituel. Lorsque les quatre noms sont inscrits, les cinq visages maintenant au second plan servent de fond à l’image lumineuse du bijou qui se met à tourner lentement sur lui-même.

- Nous allons connaître notre nouveau Grand Maître, dit la voix. Seul celui qui aura communiqué à son signe l’énergie nécessaire en est digne !

L’image du bijou tourne de plus en plus vite, jusqu’à ce que, dans sa vitesse de la rotation, les couleurs se fondent dans une boule de lumière couvrant le visage central. Soudain tout s’arrête, le temps semble immobile et, du fond de la boule lumineuse s’extraie un visage, d’abord abstrait, identique à celui constitué précédemment, mais suivant un chemin inverse, du général vers le particulier comme si, constitué de milliers de peaux transparentes, il les perdait l’une après l’autre sans parvenir, un seul instant, à se stabiliser. Si, par moments, l’œil reconnaît tel ou tel, cette reconnaissance n’est qu’un leurre : très vite les traits du visage sont autres… Ainsi passent Siger de Brabant, Jean de Jandun, Boèce de Dacie. Quand le visage enfin se stabilise, c’est le portait de Taddeo da Parma qu’il offre. En même temps, au centre du bijou, s’inscrivent deux lettres d’or entrelacées : S et P. Il y a un temps de silence…