Le commissaire Jordan Baker

(Suite logique du 2 novembre)

Du moins lorsque, comme dans la chambre 1534, il ne s’agit pas d’un lieu ouvert fréquenté par une foule de passants.

- Je vais avoir fini, commissaire ! dit l’inspecteur Michaelis.

Le commissaire Jordan Baker est dans le dressing. La pièce filmée, tout enregistré, il ne peut plus, par mégarde, détruire les indices microscopiques. Il examine alors les vêtements.

- Merci… Demandez au juge une autorisation de transfert des fichiers informatiques de l’hôtel concernant la chambre 1534 !
- À partir de quelle date ?
- Deux jours avant l’arrivée de la victime.
- C’est-à-dire ?
- Personne ne sait… Examinez les listings primaires de mouvements.
- Bon, okeye, la routine… je m’en occupe.

Michaelis a une bizarre façon de prononcer “OK”, lente, appuyée sur une finale traînante qu’il termine par un léger souffle nasal.

- N’oubliez rien, je veux même savoir s’il a fait laver des chaussettes !
- Bon, okeye!
- Regardez ça, Michaelis !

Le commissaire tend à bout de bras un impeccable smoking blanc en crêpe de soie.

- Il avait les moyens… Une vingtaine de costumes signés des plus grands tailleurs de la planète, treize paires de chaussures — Church, Weston — J’ai aussi compté quarante-sept chemises, la plupart en soie !
- Un raffiné…
- Il ne manquait pas d’une certaine élégance.
- Vous porteriez ça, commissaire ?

D’un air narquois, l’inspecteur Michaelis désigne une chemise en soie à col montant dont le plastron est brodé d’un oiseau de feu. Peut-être à la main tant la broderie semble fine. Une œuvre d’art…

- Moi, pas question !