Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

06 janvier 2007

Annette Spencer

Montréal, mardi 30/12/2015, 21:33:26

Annette Spencer est assez satisfaite de la préface que Jacques Sami Ali vient de lui envoyer pour la rétrospective qu’elle veut monter au plus vite. Un peu mystique à son goût peut être, amis elle ne peut nier que Kharamidov était ainsi. Puis, dans ce monde matérialiste en quête de valeurs qui justifient ses manques, cela donne un côté oriental et mystérieux qui devrait intéresser les esthètes. Ça ne peut pas être mauvais pour le commerce… Peut-être supprimer le poème de Al-Halâj un peu trop orientalisant. Il ne faut rien exagérer. Cette citation risque de faire apparaître le travail de Kharamidov comme réservé aux seuls initiés.

Annette Spencer quitte son fauteuil Le Corbusier gros bleu, fait quelques pas dans la grande salle presque vide qu’est le salon de sa maison de l’avenue des châtelets. L’immense baie vitrée donne directement sur les glaces de la rivière des prairies. En face, le parc désert de l’île aux chats n’est, à cette heure de la nuit, qu’une surface de neige immaculée ponctuée par la lumière de rares lampadaires. Annette est assez satisfaite d’elle. À trente ans, diriger la galerie Mondart, se voir chargée d’une rétrospective Kharamidov, n’est pas une mince réussite. Il est vrai que le destin l’a bien aidée : la mort de Khamid Khan a facilité les choses. Elle va vers le bar, se sert un Martini dry avec un zeste de citron. Ce genre de tremplin ne se trouve pas souvent à son âge. Elle ne peut pas se permettre la moindre erreur. Elle ne doit rien laisser passer, tout surveiller. Non seulement sa réussite personnelle en dépend, mais aussi le chiffre d’affaires de la galerie. Si elle réussit son exposition, le nombre d’abonné aux œuvres virtuelles risque de faire un bond considérable, tous les salons du monde afficheront du Kharamidov, tous les musées d’art contemporain voudront avoir au moins une part de coproduction. Une façon légale de renouveler l’exploit de son fameux parasitage du réseau. Étrange que les artistes n’atteignent jamais à un tel succès que lorsqu’ils meurent !