Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

16 avril 2006

Hypnose ou relaxation?

Lausanne, jeudi 24/12/2015, 20:33:05

Arrivé au quatrième étage, chacun des jeunes gens s’était dirigé vers la chambre qui lui avait été désignée, avait glissé sa smart card dans la serrure électronique.

La jeune fille avait la chambre 417. Dès son entrée, elle avait tiré les rideaux, glissé sa smart card dans la commande du système intégré de communication, allumé l’écran à projection murale, tapé une adresse: de longues images abstraites, souples aux nuances subtiles, ondulèrent lentement sur le mur, pendant qu’une lente mélopée vocale répétait à l’infini ses variations sur deux uniques syllabes. Face aux mouvements d’image, dos droit, jambes croisées, mains sur le sol, paumes vers le plafond, la jeune fille s’était assise sur le sol dans la position du lotus, s’abîmant dans la fixité de sa contemplation, se laissant envahir par la litanie… Elle resta ainsi, immobile, près d’une heure puis, soudain les images s’estompèrent, lentement, l’écran s’effaça, s’éteignit.

Elle sembla alors revenir sur terre, se leva, sortit de sa chambre, descendit au bar. Un des deux jeunes gens avec lesquels elle était arrivée était déjà installé au long comptoir d’acajou. Comme si elle ne le voyait pas, elle s’installa seule à une des petites tables du salon, commanda un verre de fendant, regarda aller et venir les consommateurs. Le plus souvent en couples bavards ou en groupes rieurs, ils traversaient le bar, se dirigeant vers le restaurant à l’entrée duquel une affichette annonçait la soirée de réveillon. Le deuxième jeune homme avec lequel la jeune fille était arrivée à l’hôtel entra à son tour dans le bar, la regarda, feignit de ne pas la connaître, alla s’installer à une autre table face à un couple de femmes élégantes d’une quarantaine d’années qui bavardaient en prenant un apéritif. Tous trois s’ignorèrent, tous trois semblaient isolés, en attente. Leurs regards, qui parfois se croisaient sans se voir, semblaient en quête d’autres regards.

La soirée avait été ainsi occupée par chacun d’eux à provoquer des rencontres. De nombreux consommateurs semblant dans une grande solitude, chacun y parvenait assez facilement. Le premier garçon disparut de la salle de danse vers une heure du matin : il donnait le bras à une petite femme boulotte habillée avec recherche de vêtements luxueux. Trois quart d’heures plus tard, ce fut le tour du second jeune homme. Il sortit seul… Apparemment car un observateur perspicace n’aurait pas manqué de remarquer l’homme en smoking noir d’une cinquantaine d’années, un peu bedonnant, qui le suivait.

À trois heures cinquante neuf, la jeune fille se retire à son tour. Un homme — svelte, cheveux blancs, élégant, port de tête altier, regard d’aigle — s’efface pour lui laisser passer la porte. Puis il la prend par la taille et la conduit vers l’ascenseur.