Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

29 novembre 2006

Jacques de Plaisance

Sion, lundi 28/12/2015, 23:57:07

Lorsque tout s’est stabilisé, une porte s’ouvre sous le vitrail principal. Vêtu d’une ample robe de coton écru, Jacques de Plaisance entre.

- Mes frères, je suis heureux, mais je suis aussi effrayé du grand honneur qui m’est fait d’être votre Maître. Avec votre aide, j’en serai digne. Dès maintenant, David Peirse n’est plus. Ce nom doit s’effacer de toutes nos mémoires. Âme, corps et esprit, je suis Jacques de Plaisance. Ce qui m’habite c’est l’Intellect de tous les Maîtres présents, passés et à venir. C’est de cette union que je tire ma force.

Nous avons beaucoup à faire, dès demain, nous devrons nous remettre au travail. Nos tâches sont multiples, nos ennemis encore nombreux et nous devons convertir de nouveaux adeptes. Tant que le royaume de l’Intellect n’est pas installé sur terre, tant que la fusion des chairs ne s’est pas réalisée dans la suprématie des intellects subsumés, il nous faut, hélas, aussi trouver de l’argent. Pour cela nous ne devons reculer devant rien : notre tâche est noble et sainte.

Croyez en moi, je suis votre guide. Je vous aime et vous protégerai du mal ! Denys l’Aéropagite avait bien préparé notre triomphe. Nous sommes près du but. Avec l’aide de Dieu, le monde subjugué ne tardera pas à implorer notre aide. L’heure est presque venue où nous pourrons subvertir les incroyants du monde, les frapper de fléaux si puissants qu’ils n’auront d’autres choix que de se tourner vers nous pour reconnaître enfin la Vérité qui est nôtre !… L’heure du combat de Memnon est presque venue. Quelques efforts encore et nous verrons enfin le triomphe de l’Esprit sur le Mal, prélude à cette Grande Unification que nos corps, nos âmes et nos intellects réclament comme chaque cellule du pèlerin égaré dans le désert aspire aux gouttes d’eau de l’oasis !

Prions, mes frères. Prions jusqu’à l’aube. Ne laissons jamais les fatigues du corps par lesquelles les forces négatives tentent de prendre la suprématie sur nos esprits triompher de l’être profond et infatigable de nos intellects. Prions !

- Amen, reprennent en chœur les adeptes.

Les vitraux s’effacent des murs, une légère luminosité très faible, très douce mais chaleureuse, dont la source est indéfinissable, baigne les adeptes comme si chacun d’eux était lui-même source de lumière. Un lent fredonnement monotone de basse-continue occupe l’espace. Jacques de Plaisance, suivi de l’ensemble des adeptes, émet sur ce fond sonore un rythme très lent, très régulier, bouche fermée, produit par une voix de gorge modulée. Peu à peu, ce chant étrange, accompagné d’un lent balancement d’avant en arrière, provoque comme une léthargie dans laquelle chacun des adeptes s’oublie.