Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

20 janvier 2007

Adieux

Lyon, mardi 29/12/2015, 03:37:59

La lettre de Kharamidov à Sydney continuait ainsi:

Ta vie t’a amené à triompher de nombreuses épreuves et je ne suis pas loin de croire que tu es près de Dieu. J’ai reconnu en toi une soif d’absolu qui ne peut que t’amener au bord de la souffrance. L’absolu n’a ni équateur ni pôle, ni nord, ni sud, ni haut, ni bas. C’est ta force et ta limite… Méfie-toi des fausses doctrines, des fausses religions qui ne pourront manquer de chercher à te séduire. Dans ma recherche de l’Amour de l’Unique, j’ai dû combattre d’étranges sectes, disputer contre d’affreuses hérésies qui, sous couvert d’Unité, professant l’abolition de l’Être dans le collectif, nient l’épiphanie de la création. Une d’entre elles notamment que j’ai rencontré au cours de mes créations et dont — je prie que ce soit à ton insu — tu as été le messager… Je veux parler de Sarpedon et de ses quatre créatures: Théïa, Hypérion, Cronos et Rhéa. Ces sectes sont un danger pour ton âme; pour cela elles sont mes ennemies. Je sais que, dans le monde où tu vis, elles te trouveront: il ne peut en être autrement; je sais qu’elles te séduiront, car tu as besoin d’amour: elles seront ta tentation. Si tu lis cette lettre, tu seras seul devant leurs séductions. Un de mes amis peut t’aider si tu le désires, il s’appelle Léon Redor. Il habite Avon, une petite ville au sud de Paris. Au besoin, tu sauras le trouver. Que Dieu t’éclaire: j’ai tant besoin de toi pour que tu me trahisses.

Avant d’être pendu, mon vieux Maître Machrab chanta ce poème que je te donne comme viatique :

“Je suis venu au monde, par ignorance me suis noyé dans sa vase. Aucun secours en vue, j’ai crié… J’ai compris que ses ennemis étaient le corps et l’intelligence, dans leurs yeux j’ai tiré les flèches du refus… Mystique, je me couvris de glace dans les mosquées; dans les tripots, je brûlai… Ô mystique, je t’abandonne la prière; je choisis la bouteille de vin et, pour une seule, donnerais mille chapelets… Alors que, dans le temps d’une seule de ses rotations, ma gloire se levait sur l’univers, j’ai traversé les deux mondes, bu le vin de l’Unité servi par le plus parfait des garçons, puis aussitôt posé ma tête sur la potence… Amants, n’accusez pas Machrab d’insignifiance, il reconnut toutes les voies de la souffrance.”

Si tu comprends le sens profond de ce poème, je n’aurai pas perdu ma vie car j’aurai au moins gagné une âme pour Son paradis. Par delà l’espace de la vie et la mort, je continuerai à t’aimer en Lui : “Ta place, dans mon cœur, c’est mon cœur tout entier, rien d’autre que Toi n’y a de place… Quand j’essaye de cacher qui j’aime, mon subconscient le manifeste par les larmes que je cachais”…

Sa grâce soit sur toi…

Khamid Khan Kharamidov”