Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

03 décembre 2006

Kharamidov et les sectes

Londres, mardi 29/12/2015, 23:45:01

Laurence s’étonne :

- Pourquoi les traces n'ont-elles pas été effacées plus tôt?
- Je n’en sais rien… Peut être qu’il s’agit d’un effacement actif, c’est-à-dire agissant au moment des enregistrements sur quelques cibles fixes, et non pas rétroactif, ce qui est un peu plus difficile parce qu’il faut explorer toutes les données antérieures sans obligatoirement savoir quel serveur examiner. C’est une hypothèse. En tout cas, il disparaît… Quant aux autres pensionnaires Peirse, aucune trace non plus, ce sont des gens qui n’ont aucune existence sociale. Des désintégrés probablement.
- Tu veux dire que cette pension serait quelque chose comme une organisation charitable? demande Laurence.
- Peut-être… En fait, je crois qu’il s’agit plutôt de la façade d’une secte.
- Pourquoi ?
- Les sectes recrutent essentiellement chez les désintégrés auxquels elles donnent une existence sociale ainsi qu’un certain confort de vie. La plupart d’entre elles fonctionnent comme ça. De plus elles s’installent en marge des lois, ne déclarent rien, vivent en autarcie. Les membres des sectes n’ont aucune raison de laisser des traces sur la plupart des réseaux que j’ai fait examiner. Leur vie est tournée vers l’au-delà, non vers le présent. Du moins c’est ce qu’elles prétendent.
- Une société à deux vitesses?
- Deux sociétés plutôt, parallèles. Et qui s’ignorent. La société civile ferme les yeux sur les sectes qui lui posent de vraies questions, les sectes sont trop heureuses de se développer tranquilles en marge de la société civile que, d’une certaine façon, elles parasitent.
- Une coexistence pacifique?
- Pas vraiment… Par nature, les sectes sont hégémoniques. Persuadées de détenir la vérité, elle veulent toujours gagner plus d’adeptes, elles font du prosélytisme. Ça crée des conflits… Tu en sais d’ailleurs quelque chose !
- C’est vrai, il y a parfois des parents qui font des procès.
- Et qui les perdent. Dans notre société, on ne peut rien contre la liberté individuelle. En tout cas, je suis maintenant persuadé que la pension Peirse et Sarpedon ne sont qu’une même entité.
- Et comme tous les pensionnaires ont disparus…
- Pas vraiment. C’est notre dernière chance de découvrir la vérité. Leur volonté d’universalité les a amené à développer un réseau, maintenant c’est la piste sur laquelle on peut les retrouver. Ils ont vidé la maison de Montréal mais le lien virtuel demeure. Ils sont attachés aussi sûrement au réseau qu’à une adresse fixe dans une ville. Irina s’en occupe d’ailleurs déjà.
- Ta conclusion ?
- Une hypothèse… Très vraisemblable: pour une raison qui nous échappe encore, Kharamidov qui a des attirances pour la mystique entre en contact avec Sarpedon. Il découvre des choses qui ne le regardent pas. Sarpedon n’aime pas ça du tout: toutes les sectes vivent en partie sur le mystère et le secret. Elles ne peuvent pas se développer dans la transparence, sont souvent à la limite des lois. Kharamidov a dû être en désaccord sur ce qu’il a trouvé. Il devenait dangereux, ils l’ont éliminé en mettant à profit son attirance pour les jeunes hommes. J’en suis presque sûr… Maintenant reste à le prouver. Pour ça, il faudrait découvrir nous-mêmes ce qu’avait compris Kharamidov. Qu’en penses-tu?