Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

02 novembre 2005

Où apparaît l'inspecteur Michaelis

Montréal, dimanche 20/12/2015, 14:37:39

Après avoir vérifié que le couloir est désert, deux employés du service funéraire de l’hôtel Bonaventure évacuent discrètement le corps de l’occupant de la chambre 1534. Ils referment derrière eux la porte, prennent l’ascenseur de service.

À l’intérieur, l’inspecteur Michaelis, comme s’il passait l’aspirateur, balaie l’espace complet de la chambre avec une caméra numérique à lasers polychromes. Rien n’échappe à son objectif capable d’enregistrer tous les reliefs d’une taille supérieure à un millième de millimètre, et d’en expédier instantanément, par faisceau hertzien, des descriptions informatiques tridimensionnelles — des “3D” comme disent enfants et spécialistes — à l’ordinateur central de la police où elles sont traitées en temps réel. Des logiciels de reconnaissance automatique des formes en éliminent les “objets” sans intérêts comme ces poussières que l’on trouve dans toutes les chambres d’hôtel — peluches de moquette, écailles de peinture, particules de savon, grouillement d’acariens, miettes de pains — pour ne mettre en mémoire que ceux susceptibles de fournir des indices : fragments de peau, de tissus étrangers à la pièce, poils, particules terreuses, poussières externes à la chambre…

Sur le boîtier de la caméra, une diode rouge s’éclaire signalant à l’inspecteur Michaelis quand, à l’aide du minuscule aspirateur intégré, il doit procéder à un prélèvement sur l’espace qu’il filme. Aussitôt enfermés dans des poches de plastique stériles, ces prélèvements sont datés, numérotés, repérés par leurs coordonnées spatiales dans l’image en trois dimensions du lieu où a été commis le crime. Ces données permettent aux enquêteurs de procéder à des reconstitutions virtuelles dans lesquelles les accusés — ou des acteurs lorsque c’est nécessaire — confrontent les gestes prétendus à la réalité concrète de la disposition des indices dans l’espace. Lors d’un éventuel procès, les prélèvements sont destinés — au cas où des objets repérés s’avéreraient être des indices — à servir de preuves. Ils permettent au laboratoire de recherche de la police de compléter les analyses informatiques par d’autres de nature différente — chimique, physique ou biochimique — pour reconstituer une partie des événements qui ont pu se produire sur la scène du crime.