Jouer avec les textes des images

Tolag, samedi 26/12/2015, 02:59:38

Le plus simple est de soumettre ces dessins à ses algorithmes. L’opération ne prend que quelques minutes pendant lesquelles, sur son écran, défilent à une allure qui les rend illisibles des milliers de chiffres. De temps en temps, un bip sonore: dans un coin de son écran s’affichent divers chiffres. Ils forment un tableau, le numéro des algorithmes utilisés et celui de l’image dans laquelle quelque chose a été détecté:

12 45
12 223
12 115
33 115
34 98

Cinq images ont réagi à ses algorithmes. Donc, comme les images de Kharamidov, celles de Sarpedon servent de véhicule de cryptage de textes et, parfois, comme dans le cas du fichier 115, une image fonctionne sur deux systèmes de codage différents… Peut-être plus. Joseph aime bien ça. Le sens réel de ces cryptages lui importe peu, ce qui l’intéresse, c’est que les apparences, même les plus ordonnées, les plus esthétiques ne soient que des leurres, que leur monde n’ait pas plus de réalité ni de consistance. Les textes de Kharamidov, eux aussi, avaient réagi aux algorithmes 12 et 34. Pour une part au moins, les images des uns étaient interprétables par les logiciels des autres. Se connaissaient-ils? Échangeaient-ils ainsi des informations confidentielles? Est-ce un simple hasard? Il est vrai que l’algorithme 12 n’a rien d’exceptionnel. Il est à la portée de n’importe quel ingénieur informaticien et doit bien traîner ici ou là, sur le réseau, dans quelque cours de formation au cryptage. Quoi qu’il en soit, cette coïncidence supplémentaire devrait intriguer Blaise.

Jeff a fait parvenir plus de trois cents images. Que seuls cinq textes aient réagi est une surprise. Ou ces quelques images codées ont une signification extraordinaire ou le cryptage devrait être plus général, ce qui voudrait alors dire que ses algorithmes ne sont pas suffisants, que Sarpedon a des spécialistes de grande classe. Pour vérifier cette hypothèse, il faudrait que ça en vaille vraiment la peine, faire des tests, faire tourner son ordinateur plusieurs heures… Joseph n’a pas vraiment envie de s’y lancer sans raison, Sarpedon, pour l’instant, ne l’intéresse pas assez. Il se contente donc d’ordonner le décryptage des textes puis, pour vérifier si l’algorithme a bien fonctionné, choisit au hasard le texte 223 décrypté par l’algorithme 12, le fait afficher sur son écran:

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