Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

06 mars 2007

Chacun trouve dans le réseau son double

Londres, mercredi 30/12/2015, 08:00:00

Blaise hésite un moment, son regard vert occupe la totalité du mur de la salle de bain. L’intensité lumineuse de ses pupilles dévoile une réflexion intense. Il se décide.

- Tu as raison. C’est un cas de force majeure. Puisque les autres m’ont laissé décider, c’est qu’ils acceptaient d’avance les décisions que je prendrais. Je vais tout balancer à Interpol.
- C’est pour ça que je t’aime, dit Laurence, parce que je sais que, même si parfois tu agis comme un enfant, tu prendras finalement toujours la bonne décision.

Blaise éclate de rire.

- Ça c’est bien toi, toujours prête à glisser une vacherie.
- Tu ne m’aimerais pas soumise, dit Laurence en lui envoyant un baiser de la main et en interrompant la transmission.

Avant d’envoyer l’ensemble du dossier à Interpol, Blaise fait ôter des fichiers toute trace qui permettrait de remonter à lui ou à un quelconque membre de son groupe virtuel de recherche. Il veut que tout reste anonyme, qu’il n’y ait aucun moyen de les retrouver. Il s’invente un nom de chercheur, écrit une petite lettre introductive pour résumer la situation, fait rerouter l’ensemble par une petite université de Finlande: impossible de repérer sa trace. Il fait une sauvegarde de tous ses enregistrement sur un disque amovible puis, pour détruire toute miette d’information qui pourrait le trahir, reformate plusieurs fois le disque de sa machine, recharge ses logiciels de travail.

Le titre de sa thèse s’impose soudain à lui, ce sera : “Orion aveugle”. Il a envie d’en rédiger la conclusion, se met au travail :

“Il est bien rare qu’un seul niveau d’explication suffise à rendre compte des phénomènes sociaux complexes. Tout fait, même le plus simple en apparence, est tissé dans un réseau de causes et de conséquences enchevêtrées qui, pour leur explication, demandent à être démêlées. Dans l’espace immatériel du réseau, l’homme, animal symbolique, n’est plus en contact direct avec la réalité, ne la voit plus face à face. Au lieu d’avoir continûment affaire aux choses qui par leur matérialité le démentent et l’obligent à évoluer, il ne se trouve plus, au risque d’y perdre ses repères, qu’en dialogue constant avec lui-même. À la limite, il n’a aucune conscience de l’altérité, l’autre lui semble un double de lui-même…”