Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

05 janvier 2006

Analyses du téléphone

Montréal, lundi 21/12/2015, 15:27:48

L’inspecteur Buchanan ne peut qu’attendre le rapport d’Interpol. Les numéros canadiens l’intéressent davantage :

Montréal :

16/12 144231534 7 minutes
148213333 12 minutes
148213333 6 minutes
17/12 144231534 5 minutes
148213333 21 minutes
19/12 144231534 3 minutes

Edmonton :
18/12 036405721 11 minutes

Toronto :
19/12 168183123 2 minutes
168105321 6 minutes

Pour Edmonton et Toronto, les polices locales ont déjà été prévenues. L’enquête est en cours. Restent les six appels à Montréal. En fait, ça semble assez simple. Deux numéros différents: le 144231534 appelé 3 fois, les 16, 17 et 19 décembre, pour un total d’appel d’un quart d’heure; le 148213333 appelé aussi 3 fois, les 16 et 17 décembre, pour un total de 36 minutes. Buchanan est assez content de lui. Il lui apparaît nettement que le 148213333 devait être, pour Kharamidov, plus important que l’autre. On ne parle pas à des inconnus aussi longtemps au téléphone…

Le service informatique a communiqué les adresses de ces numéros: le 144231534 est celui de la galerie “Mondart”, dans une des artères souterraines de la ville; le 148213333, celui d’un particulier, un certain Peirse, qui habite 251 avenue De Parson, quelque part vers Terrebonne dans les quartiers nord, chics au bord des Mille-îles. Pour trouver un cadeau à sa femme, il aurait mieux fait de commencer par la ville souterraine. L’autre adresse lui semble plus importante. Il se console en pensant que s’il finit assez vite, il aura plus de temps pour regarder les boutiques…

Les essuie-glace luttent contre la neige grasse qui, depuis plusieurs jours, tombe en abondance. La visibilité est mauvaise. Le jour a beaucoup de mal à percer.

- On arrive, dit Karine, guidée par la carte électronique de l’ordinateur de bord
- Pas trop tôt, plus d’une demi-heure pour venir ici, c’est pas possible !
- On n’y voit rien. La neige de cette nuit n’a pas encore été déblayée. Normalement, c’est la première rue à droite!

La rue qu’ils prennent longe la rivière gelée sur laquelle sont garés plusieurs hydravions. Le 251 est une maison en bois, style anglais, victorien. Une belle maison de deux étages, bleu pâle. Ils rangent la voiture, en sortent. Saisis par le froid, ils referment immédiatement le col de leur blouson… Au-dessus du portail d’entrée, un écriteau en métal peint représente une maison dans la campagne entourée de fleurs. Une image de printemps encadrée de l’inscription “Bed and breakfast”. Buchanan agite la cloche d’entrée. Quelques secondes passent puis une jeune femme, certainement d’origine indienne, leur ouvre :

- Entrez vite, il fait froid !