Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

16 février 2006

Désir homosexuel

Montréal, mardi 22/12/2015, 17:57:21

Michaelis insiste :

- Un peu, il vient parfois, se fait appeler Dad… J’en sais pas plus !
- Vous pourriez le décrire ?
- Jeune, une vingtaine d’années, splendide, visage d’ange, des yeux très bleus, nez très fin!
- Quelle taille ?
- Grand, élancé, très mince, un mètre quatre-vingt au moins… Un corps !
- Ses cheveux ?
- Très blonds, pâles, courts… juste un petit duvet sur le crâne pour valoriser l’ovale parfait du visage!
- Quelque chose de remarquable ?
- Tout en lui est remarquable, soupire l’Iroquois, il y a sur terre peu d’êtres aussi beaux!
- Vous n’exagérez pas un peu ?
- Inspecteur, dit l’Iroquois, je dois vous faire un aveu, c’est l’idéal de la beauté masculine: quand il entre, il semble porter une auréole… mais il a autre chose à faire qu’à s’intéresser à moi !
- Que voulez-vous dire ?
- Il est très entouré !
- Vous savez où je pourrais le joindre ?
- Aucune idée !
- Connaissez-vous quelqu’un qui le sache ?
- Si vous farfouillez dans les back-rooms, je suppose que vous n’aurez aucun mal à trouver des hommes qui le connaissent!
- Que voulez-vous dire?
- Un jeune mec aussi beau ne manque pas d’amants. Il y en a certainement un ou deux ici, ce soir, parmi les ombres que vous avez dû apercevoir. Je ne saurais vous dire lesquels… De plus, je vous avoue que ça m’ennuierait que vous dérangiez mes clients sans plus de raison!
- Je n’ai pas de mandat pour ça… mais si vous pouviez leur dire de m’appeler dans la semaine!
- Il faudrait que je fasse une enquête… C’est pas mon boulot.
- En effet… Il me faudra revenir avec un mandat!
- Vous êtes le bienvenu, dit l’Iroquois avec un sourire trop appuyé !
- Je ne vais pas vous retenir davantage… Dernière question, à quelle heure sont-ils partis?
- Tard. Ils ont disparu un moment dans une des back-rooms, sont venus prendre un dernier verre et me saluer avant de partir. J’ai pas noté l’heure… Il réfléchit. Attendez, je me souviens, Jacky était en scène puisqu’elle est venue faire du charme à Dad qui l’a laissé boire dans son verre. Il devait être environ une heure du matin… En tous cas, dans ces eaux-là !
- Rien d’autre ?
- Je vois pas !
- Dans ce cas je vais vous laisser, dit Michaelis se dirigeant vers la porte
- Peut-être préférez-vous sortir directement sur le parking? dit l’Iroquois ouvrant une autre porte par laquelle s’engouffre un air glacial.
- Merci ! Michaelis tend sa carte. Je compte sur vous… Si vous avez d’autres renseignements !
- Si je vois Dad, je lui dis de vous appeler… Au fait, pourquoi toutes ces questions?
- Kharamidov a été assassiné par l’homme avec qui il faisait l’amour!
- Quelle shit, on peut plus se fier à rien!

La porte ouvre sur un escalier métallique de secours donnant sur le parking. Il est environ dix-huit heures. Le ciel s’est dégagé. La nuit est tombée. Déjà très noir, le ciel est piqueté de glaçons minuscules. Chacune de ces lueurs perce Michaelis d’une aiguille d’acier gelée. Il pense avec plaisir à la chaleur qui l’attend chez lui. Avec un peu de chance, il rentrera avant que ses filles soient couchées.