Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

10 mars 2006

Un cadavre

Montréal, mercredi 23/12/2015, 19:48:50

Jordan sourit à Karine:

- C’est quoi, votre genre?

Karine rosit légèrement. Son trouble n’échappe pas au commissaire:

- Ça vous regarde pas… mais je préfère les hommes plus solides, plus mûrs!

Jordan n’insiste pas. Sur l’écran, à droite de la photo, quelques renseignements signalétiques:

Alexis Jonak
Nationalité canadienne
1 mètre 88
cheveux noirs
yeux verts
Né le 30 septembre 1995 à Edmonton (Alberta, Canada, USA) de Mary Ravi et de John Jonak (décédé).
Profession : barman
Fréquente les milieux homosexuels, semble se livrer parfois à la prostitution
Domiciliation bancaire :
EUROCARD 5131 1103 1111 0232
Royal Bank Montréal
Dernier domicile connu :
Pension Peirse, 251 avenue De Parson (Montréal, USA)

- Il n’a jamais été fiché? demande Baker.
- Apparemment non, on n’a rien sur lui.

Le commissaire fait défiler la fiche:

Procès-verbal de découverte du corps :

Le 23 décembre 2015, Jack John Spicer, 45 ans, domicilié 333 rue Dablon à Montréal (Canada, USA), téléphone: 14.42333329, E-mail: spicer@spicer.montréal-dablon.ca, a fait la déclaration suivante :

“Comme ce matin le temps n’était pas trop mauvais, j’ai décidé d’aller sortir un peu mon chien enfermé à la maison depuis quelques jours. Ma maison est située près de la rivière des Prairies et j’ai l’habitude d’aller marcher sur le chemin qui longe les berges de l’île Paton. Comme d’habitude, quand nous y sommes arrivés, j’ai détaché mon chien pour qu’il se dégourdisse un peu les pattes. Il a couru très vite devant lui dans la neige puis, soudain, s’est arrêté et s’est mis à renifler comme s’il sentait quelque chose qui l’intéressait. Pendant que j’avançais vers lui, il a tourné en rond un petit moment, puis s’est mis à creuser la neige. Quand je suis arrivé à sa hauteur, j’ai vu qu’il avait dégagé quelque chose comme une parka bleue: ça m’a étonné. J’ai essayé de la sortir de la neige. Je me suis aperçu qu’il y avait un corps dedans. J’ai aussitôt remis mon chien en laisse et j’ai couru téléphoner à la police.

Appel parvenu au commissariat de Montréal-Nord le 23 décembre 2015 à 9 heures 43.
Arrivée des policiers sur les lieux: 10 heures 04.

(Enregistrement de la déclaration)
(Vidéo de la prise en charge)

- Rien à faire de la voix du témoin, dit Baker tout en sélectionnant la “vidéo de la prise en charge”
- Je l’ai déjà regardée, dit Karine Leknar, rien d’intéressant !

Sur l’écran, un dos d’homme vêtu d’une parka bleue marine dépasse de la neige, une des manches est prolongée d’une main nue. La caméra a filmé les policiers en train de retirer lentement le corps, puis de tamiser la neige sur un espace de quelques mètres. Aucun indice n’a semble-t-il été trouvé sur place.

- En effet, c’est sans intérêt…” dit-il laissant le défilement de la fiche se poursuivre:

Rapport d’autopsie:

Aucune trace de traumatisme.
La victime avait absorbé une forte dose de tranquillisants.
Mort par hypothermie le 21 décembre 2015, entre 10 et 13 heures.

(Résultats des analyses)

- Il s’est suicidé ? demande Baker.
- On dirait. En tous cas, il a pris assez de calmants pour s’endormir dans la neige. Le froid a fait le reste!
- D’autant qu’il n’a pas arrêté de neiger depuis le 21 décembre.
- Il pouvait pas mieux choisir ! Voilà une affaire réglée.
- Pas si vite, dit Baker, ce serait pas la première fois où on aurait des surprises… Enfin, je vais quand même transmettre un premier rapport sinon on me reprochera de perdre trop de temps sans justification.
- Vous inquiétez pas, commissaire, on ne manque pas de boulot… Qu’est-ce qu’on fait?
- Pour l’instant, on arrête, nous n’avons aucune raison de fouiner davantage.