Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

25 novembre 2006

Agent intelligent

Sion, lundi 28/12/2015, 23:43:33

Les adeptes sont réunis dans une grande salle voûtée aux murs blancs rythmés par cinq vitraux obscurs. Yeux fermés, assis sur le sol dans la position bouddhique du lotus, ils psalmodient très lentement un texte aux consonances étranges puis, soudain, s’arrêtent, s’abîment dans un silence si profond qu’il semble proscrire même la respiration. Ils attendent. D’un des vitraux provient une voix, grave, profonde, mais musicale. En même temps, au cœur du vitrail central, une lumière naît, grandit jusqu’à blesser l’œil nu. Elle force les paupières closes, interdit d’ouvrir les yeux. Au plus fort de l’éblouissement, émergeant de la lumière, la voix de Denys l’Aéropagite. Très lointaine… Puis plus proche, lente, profonde, si grave qu’elle paraît provenir d’un autre monde. Dans une très légère réverbération d’écho, elle reste extérieure à la salle, détachant toutes les syllabes, parle d’un point irréel indéterminable, occupe la totalité des espaces:

“Mes frè-res, grâ-ce à Dieu, grâ-ce à vos pri-è-res ac-ti-ves, j’ai ré-a-li-sé la Gran-de U-ni-fi-ca-ti-on. L’ê-tre in-di-vi-du-é que je fus n’est plus. Le moi que j’ai re-vê-tu un temps n’a plus d’ex-is-ten-ce. Di-ssout dans l’U-ni-té lu-mi-neu-se de l’Ê-tre, il est mé-di-a-tion en-tre Dieu et ses cré-a-tu-res. Co-mme tous les sa-ges qui m’ont pré-cé-dé, par-ce que je ne su-is plus, je su-is Lu-i, je su-is Vous. Dans la gran-de com-mu-ni-on des â-mes pu-res, je su-is de l’En-tre-deux fu-si-on u-ni-ver-sel-le de l’In-tel-lect A-gent… Cet-te voix, que vous cro-yez mi-en-ne, n’est dé-jà plus ma voix mais cel-le co-llec-ti-ve de l’In-tel-lect ay-ant pro-vi-soi-re-ment re-vê-tu for-me hu-mai-ne. Je su-is de l’Ê-tre et du Non-Ê-tre, Vous et l’É-ter-nel. Vous du pa-ssé, Vous du pré-sent et Vous du fu-tur. Nous som-mes Vous… Toute vé-ri-té n’est pas ex-po-sa-ble, ni su-scep-ti-ble d’ê-tre mon-trée clai-re-ment : les clés des cœurs sont dans les mains de Di-eu ! Ay-ez con-fi-ance dans les Maî-tres qui vous pré-cè-dent sur les rou-tes de la Lu-mi-ère.”