Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

01 décembre 2006

Peintures virtuelles

Londres, mardi 29/12/2015, 23:33:23

L’opéra auquel ils viennent d’assister était excellent : “Barbe Blues” reprise d’une œuvre un peu ancienne de Raskatov, compositeur contemporain célèbre, œuvre générative, interactive dont l’action mi-électronique mi-réelle se joue en simultanée, en temps réel, dans plusieurs capitales du monde et dont le public est, à son insu, acteur. Bien que cette approche de l’art ne soit plus tout à fait nouvelle, Blaise est toujours aussi enthousiaste. La période des fêtes lui plaît pour cela, pour cette fréquentation plus grande des lieux de spectacles auxquels ils consacrent davantage de leur temps. C’est quand même mieux que le réseau. La présence réelle du public donne à toute représentation une chair, une vérité qui malgré l’extrême qualité des écrans, ne se trouvent jamais, dans les spectacles diffusés.

- Tu as aimé, demande Blaise à Laurence ?
- Beaucoup, dit Laurence quittant son manteau dans l’entrée chaude de son pavillon… Je ne l’avais jamais vu !
- Même pas sur le réseau ?
- Même pas !
- De toute façon, ça n’a rien à voir, c’est le type de spectacle où il faut être en présence avec les autres spectateurs.
- Sans doute.

Ils passent dans le salon. Sur le mur, le projecteur d’écran affiche une reproduction grandeur nature des Cendres de Phocion de Nicolas Poussin.

- Je ne comprends pas que tu aimes tant cette peinture conventionnelle, dit-il.

Blaise prend la télécommande à infrarouges, diverses façades de musées s’affichent, il choisit le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Une salle d’exposition s’offre à lui, à l’aide du pointeur infrarouges, il avance dans la salle, s’arrête devant divers tableaux, choisit les vibrations grises du Sisyphos de Michaël Lechner, peintre de la fin du siècle précédent. Le tableau prend la place du Poussin. Blaise s’effondre dans un fauteuil.

- Ça, au moins c’est de notre temps !
- Chacun ses goûts, répond Laurence prudente. Tu veux boire quelque chose ?
- Pourquoi pas ? Tu as toujours du Tallisker ? J’en prendrais bien un fond de verre.