Un blog de l'hyperfiction intitulée "La disparition du Général Proust" : Général Proust, Les écrits de Marc Hodges, Vie sexuelle de M H, Jean-Pierre Balpe, Un roman de Marc Hodges, Les inédits de Marc Hodges, Le journal de Charlus, Les poèmes de JPB, Le premier album photo de Marc Hodges, Le second album photo de Marc Hodges, L'album photo de JPB, Le carnet d'Oriane, Les poèmes érotiques de MH à G, Les écrits de Jean-Pierre Balpe"… Extrait du roman La Toile (ed. Cylibris)

28 septembre 2006

Aspirations du soufisme

Londres, dimanche 27/12/2015, 19:31:01

Le fichier sûfi est extraordinairement volumineux, certainement des milliers de pages, comme si le serveur de Montréal lui avait fait parvenir tout ce qu’il possédait sur le sujet. Blaise pense qu’ils ont exagéré car même si le coût des flux est faible, ils ont manifestement profité de sa demande pour faire de l’argent. Enfin, c’est le risque des demandes ouvertes… Il a maintenant les œuvres de Machrab, celles de Husayn Mansûr Halâj, celles d’Abu Yazid al-Bistami, de Jilani, de Jalal ad-Din Rumi… Devant tant de données, une immense lassitude l’envahit, il ne les ouvre même pas. Un autre fichier provient d’un centre sûfi d’Istanbul. Blaise l’ouvre: “Certaines questions sont, depuis l’Aube de l’Humanité, nichées au cœur de l’homme. Le Sûfisme, depuis ses origines, veut apaiser les âmes inquiètes, soulager les angoisses de la vie terrestre pour interdire aux cœurs pleins d’aspirations le désespoir qui les plonge dans la dépression et la mélancolie. L’état du monde, qui importe toujours à ceux qui ne vivent pas au jour le jour, a toujours inquiété ceux dont le cœur est plein de pitié et de compassion pour le sort de l’Humanité, pour la Terre, pour la Nature, pour sa préservation et sa protection…” Un long texte de propagande sans intérêt dont Blaise ne parvient à lire que les premières lignes. Il pense à “l’Encyclopaedia Belgica” en ligne, demande l’article sur le sûfisme:

“Le sûfisme est une mystique islamiste s’inspirant de certains aspects de la doctrine chrétienne et du néoplatonisme. Elle s’appuie essentiellement sur l’expérience psychologique personnelle. Le soufisme comprend différentes voies (sing. t’ariqua, plur. t’uruq). Les membres des confréries sûfies sont les ikhwan ou khouan, elles comprennent des maîtres (chaïkh), des disciples (muroud) et des couvents (zawiya ou ribat, khanqa, tekkiyé) pour des retraites, méditations ascétiques, veillées pieuses, prières. Ces confréries ont été principalement fondées aux XIIème et XIIIème siècles: Kubrawiya (de Najmuddin Kubra), Yasawiya (de Ahmad Yasawi), Naqshbandiya (de Bahauddin Naqshband), Qadiriya (d’Abd ul-Quadir al-Djilani). À base d’ascèse morale (foi, repentir, ascétisme, pitié) et formelle (peu parler, peu manger, peu dormir, vivre seul) le sûfisme culmine dans l’abandon final en Dieu qui peut être trouvé dans la répétition infinie et rythmée des 99 “plus beaux” noms de Dieu (zikhr vocal — djali — ou silencieux: zikhr khufi).

Même si, pour certaines écoles, la divinité est inaccessible, la quête mystique sûfi se donne comme but l’Union avec Dieu. L’âme humaine est perpétuellement assoiffée de Dieu: “Ce qui compte pour les extatiques, c’est que l’Unique le réduise à l’Unité”, “Entre moi et Toi, il traîne un” (Husayn Mansûr Halâj, Muqatta’at). Comme pour le mystique sûfi, le monde est une perpétuelle théophanie —manifestation de Dieu sur terre: “je suis tout à la fois principe d’amour et qui aime et qui est aimé” (Husayn Mansûr Halâj, Muqatta’at) — certains d’entre eux célèbrent l’art, la beauté, l’amour des femmes, celui des garçons (l’échanson), le vin, tous véhicules pouvant ouvrir sur la voie de l’Union avec la divinité.

Une autre des caractéristiques de la pensée sûfi est l’herméneutique. Lorsque la pensée atteint l’indépassable, elle revêt la forme supérieure des écritures et des signes (isharat, à la fois verbal et visuel) qui exige l’interprétation. Plein d’enseignements pour la masse des fidèles, le Coran (Qur'an) contient ainsi beaucoup de sens inaccessibles à un esprit non averti. Seuls les vrais croyants qui se consacrent à son étude peuvent prétendre comprendre ces sens cachés. Le Coran révèle alors, sans fin, de nouveaux niveaux de connaissance: “Vous progresserez niveau après niveau”. La connaissance suprême mène à l’Unité.

Parmi les grands maîtres soufis: Abu Ali al-Daqqaq, Ahwad al-din Balyani (Épître sur l’unicité absolue), Ibn Arabi (Skaykh al-Akbar: le livre de l’arbre et des quatre oiseaux), Ibn Sabin, Ibn al-Farid al-din Attar, Ibn Barrajan, Ibn Qasi, Muhyi l-din al-Buni, Ibn Sawdakin. “Unity beyond duality: He is All in All”, Nizhâm Ayn al-Shams wa-l-Bahâ.